Frantz Fanon avait défini Radio Alger comme “La voix de la France” en Algérie. Fondée dans le courant des années 20, la radio était au départ exclusivement destiné aux européens d’Algérie comme toutes les radios françaises au Maghreb à cette époque. Les autorités françaises craignent l’écoute de radio étrangère par les colonisés comme le souligne Arthur Asseraf : "En Afrique du Nord, on entend assez bien les émissions européennes et donc le gouvernement français a peur de la propagande étrangère qui pourrait y avoir. Parce que le pouvoir colonial a toujours peur d'une insurrection, que les populations colonisées se réunissent ou soient influencées par l'étranger. Donc l'idée qu'ils puissent entendre les Italiens, les Soviétiques, les Allemands fait très peur. Et donc on va aussi essayer de proposer des émissions radio pour ne pas laisser du vide qui serait comblé par les émissions étrangères."

L’arrivée des programmes en arabe de Radio Bari pousse les autorités françaises à autoriser des émissions en arabe et en berbère sur les ondes des radios. Quelle est la réponse française face à cette menace étrangère ? Comment contrôler la radio à l’époque des premières revendications indépendantistes ? Comment contrôler la parole et attirer la population indigène vers les radios sous contrôle français ? A Tunis, Léon Blum charge Philippe Soupault, poète surréaliste, de créer Radio Tunis afin de résister à la propagande mussolinienne que la radio italienne déverse alors sur l'Afrique du Nord alors que dans les trois pays, Algériens, Tunisiens, Marocains prennent pour la première fois le micro sur les ondes des radios françaises.

Avec

• Arthur Asseraf, historien
• Rabi Hammami, ancien employé de Radio Alger
• Abdelazziz Kacem, ancien directeur de la radiotélévision tunisienne
• Morgan Corriou, historienne

Un documentaire de Hajer Ben Boubaker, réalisé par Thomas Dutter