"Om Al Aagayeb", l'ode à l'âme égyptienne de Naïssam Jalal

La flûtiste franco-syrienne nous balade du nord au sud de l'Egypte, dans les profondeurs de son nouvel album céleste, dans les bacs le 6 décembre.
Après le sublime Quest of the Invisible que nous mettions en lumière en février 2019 avant qu'il ne soit nommé "Album inclassable" aux Victoires du jazz, la flûtiste Naïssam Jalal, née à Paris de parents immigrés syriens, sort un nouveau disque enregistré avec treize musiciens, chanteurs et chanteuses du Caire. De la musique classique à la musique religieuse ou mystique, en passant par la musique de cabaret ou celle des rues des quartiers pauvres, son écriture mêle les esthétiques pour créer une oeuvre introspective qui témoigne de son lien profond avec l'Egypte.
L'album Om Al Aagayeb ( Les couleurs du son/ L'Autre Distribution) s'ouvre avec la voix de son vieil ami Am Ahmad qui a passé sa vie à servir des cafés, des thés et des chichas aux travailleurs d'une petite rue près de la place Tahrir.
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Après avoir étudié le nay ( flûte de roseau) au Grand Institut de musique arabe de Damas., Naïssam Jalal a vécu au Caire de 19 à 22 ans, dans une quête identitaire. Un séjour riche d'enseignements, de partages magnifiques et aussi de grandes souffrances. "J’y ai rencontré la violence, la haine, la joie, l’amour, la foi et le rire légendaire de son peuple blessé" dit-elle.
Elle a étudié auprès du violoniste Abdo Dagher, une des plus grandes figures de la musique classique qui a influencé plusieurs générations d'artistes. Il a joué aux côtés d’Oum Kalthoum, Mohamed Abd Al WahabIl et tant d'autres et ouvrait gracieusement sa porte pour des séances de musique qu'elle n'oubliera jamais. L’album est parti d’une composition qu'elle a écrite pour celui qu'elle considère comme un très grand Monsieur, en souvenir de son enseignement inestimable. Lorsqu'elle le revoit à Paris en 2016, elle est bouleversée. Les joies et les peines du passé accaparent son esprit. C'est alors qu'elle décide de retourner au Caire pour faire face à ses fantômes.
Il a accepté d’enregistrer son violon sur le morceau que j’ai écrit en son honneur et c’était vraiment un immense cadeau. Je lui souhaite une vie longue encore, pleine de musique mais c'est vraisemblablement un de ses derniers enregistrements. Je suis très heureuse qu’il soit sur ce disque. Évoquer la musique égyptienne sans parler de lui, c’est impossible.
Avec ses très chers amis de là-bas, Naïssam Jalal parcourt les traditions musicales urbaine, rurale, profane et sacrée pour rendre hommage à l'Egypte, Om al Aagayeb (la mère des merveilles), selon l'expression de Sayed Darwish, pionnier de la chanson moderne égyptienne. "Mère des merveilles et des invraisemblances, mère paradoxale de dignité et d’humiliations, terre brûlante comme l’amour qu’on lui porte et libre comme le rire de ceux qu’elle porte".
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"Ce disque est un travail d’exorcisme" confie la flûtiste. Elle transcrit en musique ses souvenirs du marché des paysannes du quartier Abdeen où elle a vécu ; la chaleur des mouleds, (grandes cérémonies traditionnelles dédiées aux saints) "de vraies fêtes populaires où tout le monde est dans l'amour et le partage" ; la générosité de ses frères de cœur nubiens avec qui elle chantait en Fadeki et en Mattoki/Kenzi (les langues nubiennes d’Egypte) ; la barque Al Maadiya (la passeuse) qui en l'absence de pont fait traverser les gens d'une rive à l'autre du Nil ; ou encore la fille du pays (Bint al Balad) forte, courageuse, authentique et fière qui inspire beaucoup Naïssam.
Om Al Aagayeb est accompagné d'un livret illustré de photos que Naïssam Jalal a prises entre 2003 et 2006, où elle raconte l'histoire de chaque morceau.
Abdo DAGHER Violon, Hazem SHAHEEN O_ud,_ Om SAMEH Voix, Adel MIKHA Voix, Daf, Cheikh Mohamed MOHAMADI Voice, Wael AL SAYED Accordeon, Shadi AL JUNDI Qanun, Mohamed SALAH Cello, Mohamed SAMI Violin, Ahmed AMIN Double bass, Hany BDEIR Daf, Req, Mohamed ZITONA Daf, Naïssam JALAL Flute, Nay, Voice
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