Un défi sanitaire

C'est un concept, une notion dont on entend de plus en plus parler. L'OMS en a même fait son prochain "grand défi sanitaire". Mais qu'est-ce que la santé mentale ? À l'heure où, selon l'INSERM, une personne sur cinq a souffert ou souffrira d'une dépression au cours de sa vie, il est important de bien comprendre ce qu'on entend par santé mentale et bien sûr, comment la protéger et l'entretenir. La santé mentale comme la santé physique est quelque chose qui s'entretient, et il est essentiel de faire le point avec soi-même, de faire le vide dans sa tête, de se ménager, de s'accorder du temps pour soi afin de ne pas la fragiliser.

Repenser notre système de soin pour une meilleure prise en charge de la santé mentale

On oublie encore trop souvent que les troubles psychologiques sont en réalité des maladies comme les autres, auxquelles on attribue 10 % des décès, et près de 9 000 suicides. Le handicap psychique dû à des maladies mentales est reconnu depuis 2008. Cela pose une vraie question de santé publique, car la santé mentale concerne tout le monde. Si le Covid-19 aura eu la vertu de faire prendre davantage conscience à tout un chacun de sa propre vulnérabilité et de l'existence matérielle de la santé mentale, beaucoup reste à faire du point de vue des capacités de notre système de soins de pouvoir faire face à une demande accrue, mais aussi la capacité de la société à s'adapter à cette nouvelle demande. La psychiatrie souffre elle-même d'un nombre de praticiens insuffisant, d'un manque manifeste de structures d'accueil.

Astrid Chevance est médecin psychiatre, spécialiste de la dépression et chercheuse en épidémiologie clinique au CRESS. Elle a dirigé le livre "En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la santé mentale", aux éditions de l'Atelier (septembre 2022) alerte : "Il faut vraiment repenser le système de soins pour pouvoir faire face à une demande qui s'est fortement accrue. La prévalence de personnes en dépression présentant des symptômes anxieux, augmente notamment en France où "en particulier chez les 18-24 ans, on est passé d'un taux de 9,8 % en 2017 à 20,8 % de jeunes qui auraient eu un épisode dépressif durant la dernière année de la crise covid. Pour la population des 18-75 ans, on est passé de 9,8 % à 13,3 %. La dimension traumatique de l'expérience du covid a touché particulièrement les jeunes, parce que l'adolescence qui correspond à une période de socialisation essentielle, a été largement sacrifiée durant cette période".

Vers quels praticiens se tourner ?

Pour Astrid Chevance, c'est au départ une vraie question d'éducation de santé publique. Il existe plusieurs professions autour de la santé mentale et la première chose à faire, "c'est d'abord de se tourner vers un médecin généraliste qui puisse orienter le patient vers une médecine de spécialité. Des psychiatres qui ont reçu une formation de médecin, avant de se spécialiser en psychiatrie. Ils peuvent prescrire des médicaments et des examens complémentaires (IRM, prises de sang…), des rééducations particulières (psychothérapies neuropsychologiques et sont à même de différencier différentes pathologies mentales. Il existe aussi des psychologues-cliniciens ; des psychomotriciens, des ergothérapeutes".

Les femmes plus vulnérables en termes de santé mentale

En termes de symptômes anxio-dépressifs, il y aurait une plus forte prévalence chez les femmes que chez les hommes, explique la médecin, avec des effets de genre, des effets de sexe et des effets de définition des diagnostiques : "Les syndromes prémenstruels chez certaines femmes peuvent souvent amener à des idées/conduites suicidaires dans les jours qui précèdent les règles ; les phases pré/post-partum, la périnatalité peuvent être une source de vulnérabilité, tant d'un point de vue hormonal que d'un point de vue de reconfiguration que demandent ces périodes en particulier".

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