A Agon-Coutainville, des pieux en bois ont été installés devant la dune pour lutter contre l'érosion. ©Radio France - Yann Gallic
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La moitié du littoral normand est aujourd'hui menacée par la hausse du niveau de la mer, avec une accélération de l'érosion côtière et des risques d'inondation plus fréquents. Pour faire face à cette menace, le département de la Manche prépare les premières délocalisations à l'intérieur des terres.

Des campings, des habitations, des stations d'épuration, mais aussi des entreprises implantées en zones inondables, devront déménager dans un futur plus ou moins proche.

La montée des eaux est devenue une menace concrète pour David Lecordier. Installé sur une bande de terre le long du littoral, cet agriculteur voit la mer se rapprocher dangereusement. David est éleveur de moutons. Avec sa femme, il a aussi aménagé des chambres d'hôtes et un gîte rural. Difficile pour lui d'imaginer quitter cette ferme qui appartenait à ses parents. L'état a proposé de racheter son exploitation et ses 10 hectares de terre pour qu'il puisse se réinstaller ailleurs. Le conservatoire du littoral lui a fait une offre qui s'élève à 5 600 euros par hectare. "Un prix largement insuffisant pour réinvestir sur un autre site", déplore-t-il.

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Un repli dans les terres inéluctable

Quelques kilomètres plus loin, les communes d'Agon-Coutainville, de Gouville et de Blainville-sur-Mer tentent de s'organiser face à l'érosion du littoral. Les collectivités locales ont lancé un projet d’aménagement, cofinancé par l'Etat, pour s'adapter aux changements à venir et se préparer à délocaliser certaines activités touristiques et économiques. Le secteur de la conchyliculture est en première ligne. A Agon-Coutainville, les entreprises ostréicoles, qui emploient une centaine de salariés à l'année, sont regroupées derrière une mince dune de sable qui les sépare de la mer. David Dubosq est ostréiculteur ici depuis 30 ans : "Les collectivités locales prennent le problème à l'envers. Il vaudrait mieux défendre l'existant en construisant une digue avec des cailloux ; ça coûterait moins cher qu'une délocalisation."

Mais la construction et le renforcement des digues ne suffiront pas à repousser la mer. A terme, "le repli dans les terres est inéluctable", estime Jean Morin, le président du département de la Manche. Il est encore trop tôt pour savoir combien d'entreprises et combien d'habitations pourraient être concernées par ces relocalisations. Alors que le niveau de la mer devrait monter d'au moins un mètre d'ici à 2100.

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