
Huit jours après l’adoption, grâce à l'abstention américaine, d’une résolution « exigeant » un cessez-le-feu immédiat, la guerre se poursuit à Gaza. Et personne ne semble s’offusquer que la parole du Conseil de Sécurité n’ait pas plus d’impact qu'un appel du pape.
Le 25 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait la résolution 2728, qui « exigeait » -c’était le mot utilisé- un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Huit jours plus tard, rien n’a changé, la guerre se poursuit avec son cortège de victimes, ses sévères restrictions à l’aide humanitaire, et les cris d’alarme sur la famine qui menace.
Huit jours d’indifférence alors que, selon la Charte des Nations Unies, « tous les États-membres sont tenus de mettre en œuvre les décisions du Conseil de sécurité ». Une résolution du Conseil de sécurité n’a désormais pas plus de poids que l’appel hier du pape à un cessez-le-feu.
On aurait pu croire que la Communauté internationale se serait émue, souciée, choquée, de voir qu’une résolution de l’instance la plus importante de la gouvernance mondiale soit ainsi ignorée royalement, aussi bien par l’État d’Israël, membre des Nations Unies, que par le Hamas palestinien qui est aussi concerné par le texte. Mais c’est le silence le plus pesant, entre impuissance et complicité.
L’adoption de la résolution du 25 mars n’avait été rendue possible que par l’abstention des États-Unis, contrastant avec leurs trois vétos à des textes précédents. Mais Washington ne faisait qu’envoyer un message de mécontentement au premier ministre Benyamin Netanyahou : il ne s’agissait pas d’une rupture.
D’autant moins qu’au même moment, selon le « Washington Post », l’administration Biden approuvait la livraison à Israël de plusieurs milliards de dollars, -vous avez bien lu : milliards de dollars-, de bombes massives et de jets de combat. Le quotidien américain citait une source à la Maison Blanche qui refusait d’envisager toute conditionnalité de l’aide militaire américaine. Cette position illustre la limite des pressions de Washington sur l’État hébreu, malgré les désaccords sur la stratégie suivie à Gaza, et les agacements entre Joe Biden et Benyamin Netanyahou.
La France, de son côté, fait très discrètement entendre sa différence. Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a annoncé samedi au Caire que la France oeuvrait à une nouvelle résolution à l’ONU, sur une solution politique et l’aide humanitaire. Mais le ministre a parlé de « plusieurs semaines » pour y parvenir ; plusieurs semaines pendant lesquelles la résolution précédente restera lettre morte.
En l’absence de véritables pressions internationales, Israël a réellement les mains libres pour poursuivre ses opérations dans la bande de Gaza. Les critiques les plus virulentes viennent des organisations internationales, frustrée par la présence de centaines de camions d’aide à dix minutes de route seulement des populations qui en ont besoin ; mais du mauvais côté de la frontière.
Restent les négociations pour une trêve permettant un échange otages-contre-prisonniers qui reprennent cette semaine au Caire ; et les manifestations massives dans les rues d’Israël, contre un premier ministre impopulaire, mais qui n’est pas réellement menacé.
Dans un monde idéal, une résolution du Conseil de Sécurité aurait dû faire taire les armes : il faudra s’y faire, comme le pape, l’ONU exprime une force morale, mais sans le moindre impact.
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