Chisinau, la capitale moldave, s’apprête à recevoir les dirigeants des 47 pays membres de la Communauté politique européenne. ©AFP - Daniel MIHAILESCU / AFP
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Emmanuel Macron a présenté hier les contours d’une « clarification politique et géopolitique de l’Union européenne », avant de participer à un sommet pan-européen à Chisinau, à un moment décisif. Toute l’Europe et pas seulement l’UE sera présente.

Il y a d’abord le symbole, il ne faut jamais négliger la force des symboles. Toute l’Europe est présente aujourd’hui en Moldavie, à quelques kilomètres de la région séparatiste de Transnistrie où stationnent des troupes russes ; à deux pas aussi de l’Ukraine et de l’agression russe. Toute l’Europe et pas seulement l’Union européenne, mais aussi les pays des Balkans, le Royaume Uni, la Turquie et bien sûr, l’Ukraine.

Et il y a l’objet inédit qu’est cette Communauté politique européenne (CPE), lancée l’an dernier sur proposition française, et qui en est à son deuxième sommet. Nul ne sait encore très bien quel sera le destin de la CPE, mais tout le monde trouve son compte dans son caractère informel, permettant des échanges précieux à un moment décisif pour le continent.

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Le sommet tombe bien, alors qu’une crise a éclaté entre le Kosovo et la Serbie, suscitant l’envoi de renforts de l’OTAN après des affrontements de rue. En cause, l’installation de maires ethniquement albanais dans des quartiers serbes, une maladresse du premier ministre kosovar Albin Kurti, qui lui a valu les critiques de ses alliés de l’OTAN.

Le sommet a déjà eu un effet, puisque le premier ministre kosovar a évoqué hier la possibilité de tenir de nouvelles élections locales dans les zones en tension. Il s’agissait pour lui de tenter de désamorcer la crise avant le sommet d’aujourd’hui. Hier, Emmanuel Macron a annoncé qu’il rencontrerait le premier ministre kosovar en compagnie du Chancelier allemand Olaf Scholz : c’est à ça aussi que servent les Sommets.

Mais c’est évidemment l’Ukraine et ses conséquences sur le continent qui seront au centre des discussions. Hier, Emmanuel Macron a profité de la tribune qui lui était offerte à la Conférence sur la Sécurité de Bratislava, en Slovaquie, pour donner sa vision.

Le Président français a clairement voulu dissiper tous les ambiguïtés, les malentendus et ce qu’il a appelé les « fantasmes », avant de retrouver tous les chefs d’État et de gouvernement d’Europe à Chisinau. Une opération désamorçage à la veille du sommet de la CPE.

Il y a en Europe de l’Est, un vieux fond de méfiance vis-à-vis de la France, soupçonnée de vouloir affaiblir l’OTAN en parlant d’autonomie stratégique européenne ; et vis-à-vis d’Emmanuel Macron lui-même en raison de nombre de « petites phrases » maladroites sur Poutine et la Russie.

Le président était sur un mode légèrement autocritique hier, par rapport à une France perçue comme « arrogante ou lointaine ». Il est remonté loin puisqu’il a rappelé -sans citer son auteur- la phrase célèbre de Jacques Chirac sur les pays de l’Est qui ont « perdu une occasion de se taire »… C’était au moment de l’invasion de l’Irak par les Américains en 2003, et les pays de l’Est avaient soutenu Washington contrairement à la France et l’Allemagne.

Cette humilité bien peu française lui a permis de tracer les contours d’une « clarification politique et géopolitique de l’Union européenne » qu’il appelle de ses vœux. Il s’agit de relever les défis de la guerre en Ukraine, de l’après-guerre, en particulier de « donner des garanties de sécurité tangibles et crédibles à l’Ukraine ». Mais aussi pour ne pas être à la merci des électeurs américains.

« Vous pouvez compter sur la France », a-t-il conclu. De quoi lui permettre d’arriver en position plus forte à Chisinau aujourd’hui, à un moment où l’Europe n’a pas le droit à l’erreur.

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