
Rencontre avec le réalisateur Stéphane Brizé.
- Stéphane Brizé, cinéaste
Mercredi-ciné. Journée spéciale
Stéphane Brizé est l’invité de Tewfik Hakem. Le cinéaste français est le premier invité de la journée spéciale « En raison d’un mouvement social… » consacrée à la crise sociale en cours.
Un an après le déclenchement du mouvement dit des Gilets jaunes, la France connaît en cet automne un important mouvement social. Si le projet de réforme des retraites est le pivot de la contestation, d’autres sujets s’agrègent au mécontentement, s’agissant des services publics en particulier, santé, éducation, transports … Depuis trois semaines, Radio-France est également traversée par un conflit social. France Culture consacre une journée spéciale à la situation actuelle « En raison d'un mouvement social... »

Parce qu'il a réalisé un certain nombre de films sur les conflits sociaux, dont La loi du marché en 2015, et En guerre, en 2018 - avec pour personnage principal, Vincent Lindon - Stéphane Brizé, est l'invité de Tewfik Hakem ce jour. Dans une époque saturée d'images comment fait-on pour produire un film de fiction et de réflexion autour des crises politiques contemporaines ? Entretien.
Je suis heureux que ce discours-là surgisse dans l'espace public, je trouve que c'est un pays qui ne se laisse pas complètement aller ; quand ça a surgi avec les Gilets jaunes je trouvais cela salutaire, et je trouve ça encore salutaire que des gens se mobilisent face à un discours d'opposition, des oppositions de soit-disant de privilégiés face à des non privilégiés. Ce discours-là du gouvernement et des politiques je le trouve d'une indécence absolue, essayer de faire passer les règles du néo-libéralisme en opposant les gens dans un pays est un danger absolu.

"Je pense que les images qui surgissent dans les média, à 99% du temps, ne racontent pas d'histoire. Elles n'ont pas d'histoire si elles n'ont pas de passé, elles existent ici et maintenant"
Et pour pour qu'elles puissent passer en boucle, il faut qu'elles soient spectaculaires - une statue cassée à l'Arc de Triomphe, des vitrines cassées, etc.. A partir du moment où on montre ce spectaculaire, on ne raconte rien, c'est hors contexte, mais avec ces images qui provoquent une forte émotion, c'est très facile pour les politiques de bomber le torse et de désigner les méchants - ces manifestants avec qui on ne peut évidemment pas parler...
"On n'est que dans la représentation du spectaculaire, et ce qui m'intéresse moi, avec mes fictions, c'est de fabriquer l'image manquante, celle que les média ne veulent pas, ne peuvent pas, ne savent pas montrer"
Parce qu'ils n'ont peut-être pas le temps, la possibilité de raconter les choses en perspective. Il n'y a qu'avec une ligne de fuite qu'on peut objectivement raconter les choses. Prendre du recul, le cinéma offre ça, qui laisse du temps, un temps long, qui permet de tourner autour des choses, rencontrer tous les points de vue d'une histoire. C'était le cas par exemple sur "En guerre".
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